Quand, dans une expo, on découvre l’oeuvre d’un artiste, on peut commencer par foncer sur le communiqué de presse dans l’idée d’y trouver des repères. L’autre solution peut être de regarder d’abord l’oeuvre et de ressentir.
La galerie Marian Goodman vient d’exposer des oeuvres de Gabriel Orozco,et notamment un ensemble de terres cuites, de la série Orthocentres.
L’artiste est connu. La tentation est donc d’autant plus forte d’aller lire d’abord les discours autorisés. Mais devant ces terres cuites, j’ai eu envie de me laisser aller à l’évocation de tout ce qu’elles me suggéraient, ce qui donne, en vrac :
façonner avec les mains
une coupe à offrande
l’eau qui s’écoule d’une gouttière
un abreuvoir pour oiseau
un bol rustique
recevoir
accueillir
un savoir ancestral
la matière première
une terre desséchée
l’odeur de la terre après la pluie
la multitude
la diversité dans la ressemblance
l’irrégularité
l’évidence de la forme
sa nouveauté
l’attente
l’abandon de l’attente
la légèreté d’un biscuit
l’ancrage d’une pierre
Je ne sais pas du tout quel sens l’artiste a voulu donner au titre de la série, mais à l’évidence chaque oeuvre de cette série se présente comme un centre.
Et je suis sûre que si on allait voir les longs discours qui la concernent, on finirait par y retrouver chacun des mots de cette suite évanescente.